
Émilie Pauly
Offrande de lumière, semence opalescente
Ce tableau se présente comme une cosmogonie féérique où tout participe à la circulation de la lumière.
Au centre, une fleur-danseuse, mi-végétale mi-animale, s’incline avec grâce et tend un bourgeon lumineux. Son geste, à la fois révérence et offrande, a valeur de liturgie : la lumière qu’elle présente n’est pas simple éclat mais semence originelle, destinée à féconder le monde.
À l’arrière-plan, un arbre scintillant diffuse ses pollens qui se mêlent à ceux de la fleur, scellant une alliance créatrice.
Porté par un navire-oiseau et protégé par un champignon géant aux allures de montgolfière ou d’ombrelle, un jardin flottant traverse le ciel. Ce microcosme abrite un trio de bolets rieurs et des arbres étincelants, comme une arche miniature où se déploie une joie cosmique. De ce jardin merveilleux, deux cascades s’écoulent, fertilisant un lac nacré et faisant naître un îlot où s’éveille une famille de bourgeons anthropomorphes. Cette scène dessine une petite généalogie : chaque rejeton prolonge la lignée lumineuse.
Face à la fleur-danseuse, le navire-oiseau s’approche du bourgeon offert. Ce geste n’est pas une prédation mais préfigure une cueillette sacrée. Le bourgeon lumineux, fruit du don, est recueilli pour être porté ailleurs. La lumière circule ainsi : elle n’appartient à personne, elle se transmet, se partage, se multiplie. Dans cette chaîne du don, chacun participe à l’œuvre de création.
Tout en haut, une fée-libellule à la robe de dentelle contemple la scène de cueillette, attirée elle aussi par la lumière. À sa curiosité fait écho celle du petit papillon situé en bas du tableau, attiré quant à lui par le reflet du bourgeon dans l’eau. Il ne cherche pas à distinguer la source de son image : il se laisse porter par l’éclat. Ce qui l’attire, c’est le beau lui-même, sous la forme qui se donne à lui. Dans ce fragile battement d’ailes se reconnaît notre propre quête d’idéal : ce mouvement intime qui nous pousse vers ce qui nous dépasse, que nous poursuivons parfois dans l’art, parfois dans l’amour ou dans la foi. La fée-libellule comme le papillon deviennent l’image de notre désir d’éternité.
L’opalescence qui baigne la scène fait de la lumière une matière changeante, toujours en mouvement. Comme l’opale dont les teintes varient selon l’angle, elle impose à l’œil une succession de reflets imprévisibles. C’est cette variabilité qui la rend féconde car la même réalité peut se trouver transfigurée à chaque éclat, comme si la lumière en réinventait sans cesse la beauté.
Ainsi, le tableau met en scène une vérité simple et généreuse : la lumière ne se garde pas, elle s’offre, se cueille, se contemple, se poursuit. Sa mouvance révèle la beauté sous des jours toujours différents, comme si chaque éclat en dévoilait une nouvelle nuance. On songe aux cathédrales de Monet, toujours semblables et pourtant métamorphosées par chaque heure du jour : une même forme, mais une infinité de lumières. Dans ce cycle infini – de fleur en navire, de cascade en nuage, d’aile en aile – se manifeste la fragile et joyeuse splendeur du monde.
- Prix indicatif :
- Technique : Acrylique sur carton
- Sujet :
- Discipline :
- Support et matériaux :
- Année de création : 2024
- Dimensions : H80xL60cm