Émilie Pauly
Artiste autodidacte, je suis venue à la peinture portée par l’envie de transmettre enchantement et fantaisie à ceux qui croiseraient mes images. Mes tableaux représentent en première lecture des paysages naturels peuplés de créatures imaginaires. Mais ces représentations sont surtout un prétexte pour chanter l’espoir et la joie ; cette joie profonde liée à la contemplation de la beauté de l’existence. Ce qui m’émerveille – mes rêves, mes fantasmes, mes idéaux – je souhaite l’offrir en partage.
UNE PEINTURE POÉTIQUE, ONIRIQUE, QUI VEUT S’ADRESSER À TOUS
Linguiste de formation, j’aime jouer avec la polysémie des images comme le poète joue avec la polysémie des mots. Les personnages que je crée, véritables chimères, ont de multiples visages. Chacun y verra ce qu’il voudra : un arbre ou une femme, un végétal ou un oiseau, une fleur ou une danseuse... De même, les symboles auxquels je recours sont polysémiques. Ainsi, un temple englouti pourra évoquer la nostalgie, le mystère ou encore une quête spirituelle, selon le regard porté par le spectateur. L’art n’a de sens que s’il est partagé : c’est là mon premier crédo. Et pour être partagé, il doit être ouvert à l’interprétation.
Mon deuxième crédo pourrait s’énoncer ainsi : Loin d’être réservé à une élite, l’art est notre bien commun à tous. Il est vrai que le langage humain, dont la complexité n’a pas d’équivalent connu dans la nature, fait de nous des êtres à part au sein du règne animal. Mais, plus que le langage, l’art est le propre de l’homme. Car si nous partageons avec d’autres êtres vivants la capacité de communiquer, aucun ne partage avec nous ce besoin, presque viscéral, de faire de la poésie avec les mots, les sons, les images. La poésie nous distingue en même temps qu’elle nous rassemble, et la poésie utilise, pour s’exprimer, différents canaux. J’ai choisi la peinture. Une peinture résolument onirique. Une peinture qui veut s’adresser à tous parce que l’art est l’affaire de tous. Aussi mes tableaux ne sont-ils pas liés à un contexte historique ou social précis. Ils se situent dans des espaces hors du temps. Ce caractère atemporel et utopique permet au spectateur, quelle que soit sa culture, de se projeter dans ces univers, souvent métissés. Quel bonheur pour moi lorsque, grâce aux moyens technologiques que nous offre l’époque contemporaine, un congénère du bout du monde, pétri d’une autre langue et d’une autre culture, peut contempler l’un de mes tableaux et s’y arrêter quelques instants comme s’il lui parlait ! Là où les mots et les langues nous séparent, l’art finalement nous rassemble.
UNE PEINTURE QUI SE TIENT LOIN DE L’INTELLECTUALISATION ET DE LA PROVOCATION
Ma peinture n’est pas conceptuelle. Elle ne cherche ni à choquer ni à démontrer. Son ambition est de parler aux cœurs et aux yeux. Je revendique la beauté comme une fin en soi – un choix presque subversif aujourd’hui, tant l’esthétique est souvent reléguée au second plan. Mais ce n’est pas une beauté décorative ou vide de sens que je recherche : c’est une beauté habitée, construite, assumée, qui propose un espace à part, un monde dans lequel on puisse entrer, s’asseoir, rester.
Je peins des mondes qui n’existent pas mais auxquels je crois profondément. Des mondes où la lumière apaise, où les formes s’accordent, où la nature veille, patiente et bienveillante. Ce n’est ni la réalité brute, ni une fuite en avant : c’est une utopie douce, une manière de rappeler qu’au cœur du chaos, il existe encore des lieux intérieurs où l’on peut respirer. Mon art se veut intimiste et introspectif, une invitation à ralentir, à ressentir.
Loin de l’art conceptuel, qui exige une explication ou une démarche intellectuelle complexe pour être compris, la peinture que je propose se veut accessible. Il s’agit d’une peinture humble et généreuse, qui ne cherche qu’à émerveiller et à faire rêver. À certains égards, on pourrait rapprocher ma démarche de celle des surréalistes, dont le travail propose lui aussi une approche du rêve. Comme eux, j’ai foi en la force de l’imaginaire. Mais alors que les surréalistes utilisent volontiers l’étrangeté provocatrice dans leurs œuvres, mes tableaux ne comportent pas d’éléments dérangeants ou déroutants. Le monde imaginaire que je propose est fondamentalement paisible et accueillant. Il invite le spectateur à une évasion douce, sans chercher à créer du malaise ni à perturber. Il s’agit d’évoquer un environnement chaleureux, un monde-refuge au contact duquel le spectateur puisse apaiser ses doutes et ses angoisses, pour finalement renouer avec l’émerveillement propre à l'enfance.
UNE ESTHÉTIQUE SINGULIÈRE, HORS DES CODES ET DES GENRES
Bien que mon travail partage certaines caractéristiques de l’art fantastique ou de la fantasy, il s’en distingue sur plusieurs points. Les personnages que je crée n’appartiennent pas à un univers déjà connu ou codifié, comme celui des fées, des princesses ou des dragons. Dans mes tableaux, j’essaie de développer un langage visuel original, loin des stéréotypes fantastiques. Mes personnages, directement surgis de mon imaginaire, sont souvent inattendus voire insolites. Par ailleurs, la narration explicite ne tient pas une place essentielle dans mon travail, alors que c’est souvent le cas dans l’art fantastique, la fantasy ou même l’illustration. Mes tableaux forment des univers visuels autonomes, qui ne suivent pas un récit structuré ou un scénario défini. Si narration il y a, il s’agit d’une forme de narration suggestive, où le spectateur est invité à interpréter ce qu’il voit selon son propre ressenti.
Les métaphores et allégories sont nombreuses dans mes peintures. Certaines traversent presque l’ensemble de mon œuvre, comme les métaphores de l’amour ou de la fertilité. À cet égard, on pourrait rapprocher mon travail de celui des peintres symbolistes. Ces derniers m’inspirent par leur quête de l’indicible. Mais alors qu’ils ont souvent recours à un vocabulaire iconographique hérité de l’histoire de l’art ou de la littérature, je travaille de manière moins codifiée et plus intuitive, proposant des métaphores libres et personnelles. Le langage visuel que j’utilise est à la fois singulier et immédiatement saisissable. Un arbre-oiseau s’abreuvant à une rivière, au corps constitué d’un nid rempli d’œufs prêts à éclore, me suffit par exemple à évoquer la vie. Nul besoin de références académiques ou historiques pour comprendre et apprécier la scène représentée. Les symboles que je crée peuvent émerger naturellement dans l’esprit du spectateur, sans nécessiter de grille de lecture spécifique.
Chacun de mes tableaux se présente comme une ode à la vie : les éléments naturels y sont régulièrement anthropomorphisés. La nature dans laquelle évoluent les personnages n’est pas présentée comme un décor : elle est l’actrice principale, qui accueille et interagit avec les figures imaginaires qu’elle abrite, se faisant l’écho de leurs états d’âme ou de leurs émotions. De même, la lumière est un véritable personnage qui structure mes tableaux, guidant l’œil du spectateur. Le travail sur cette lumière presque divine – symbole d’espoir – me permet d’accentuer l’atmosphère à la fois mystique et dramatique qui se dégage de mes compositions. À cet égard, je me rapproche quelque peu des peintres romantiques. Ceux-ci m’inspirent par leur rapport à la nature comme miroir de l’âme. Mais là où le romantisme, déchiré entre beauté et douleur, offre une vision tourmentée, presque tragique du sublime, chez moi, le mystère ne devient jamais angoisse. Il y a de l’étrangeté mais pas de noirceur. Mon monde est parfois nostalgique mais il est toujours porteur d’optimisme.
L’ailleurs que je construis est ludique, léger, presque joueur. Il y a une poésie de l’enfance, une fantaisie assumée, qui peut me rapprocher de l’art naïf. Mais là encore, les différences sont nombreuses. Je m’écarte de l’art naïf par ma recherche formelle : si mes univers peuvent sembler simples au premier regard, leur composition est précise et réfléchie. Dans l’art naïf, le traitement de la lumière par exemple, est souvent plus uniforme que dans mon travail. Les naïfs ne recherchent pas le réalisme dans l’exécution. Ils peignent volontiers des paysages ruraux (ou des scènes de la vie quotidienne) mais le font de façon très spontanée, sans rechercher le réalisme technique. Ma démarche est différente. Si le réalisme ne fait pas partie de mes intentions – au sens où je ne cherche pas à représenter la réalité telle qu’elle est mais à la magnifier, à la sublimer (par exemple par l’usage de couleurs irréelles) – je recherche en revanche le réalisme dans la touche. Au travail minutieux sur les ombres et la lumière s’ajoute, dans mes tableaux, celui sur les textures (des nuages, des arbres, des montagnes, des vagues…) mais aussi sur les reflets et la transparence.
UN TRAVAIL MINUTIEUX, ENTRE IMPULSION ET MAÎTRISE
Je travaille lentement. Chaque tableau est le fruit d’une élaboration minutieuse. J’utilise souvent l’acrylique dans les premières étapes du travail puis l’huile en glacis, pour laisser respirer la lumière. Je cherche une matière subtile, presque vibrante, où l’œil puisse se perdre et revenir.
Lors du processus créatif, je m’efforce de minimiser les influences extérieures. L’improvisation tient une place de choix dans mon travail car elle me permet d’explorer les profondeurs de ma psyché. Quand je crée des personnages au crayon, je ne sais jamais à l’avance ce que je vais dessiner. Je laisse aller ma main puis je vois ce qui apparaît. J’aime ne pas savoir où va me conduire mon geste. J’aime être surprise par ce qui se dégage des premiers coups de crayon. Ma démarche rejoint donc l'automatisme des surréalistes dans la façon de laisser émerger librement les formes. Mais elle s’en distingue par sa volonté de construire des images où le rêve prend une forme fluide, non dissonante. Loin de moi la recherche du choc ou de l'absurde. Je suis guidée par la quête d’harmonie plus que de rupture.
Quand j’ai réuni un assez grand nombre de crayonnés, je cherche ceux qui pourraient être assemblés dans une même scène, les personnages qui pourraient vivre des aventures ensemble au sein d’un même tableau. Je passe beaucoup de temps à créer ces compositions. Lorsque j’ai découvert quels personnages ont des choses à se dire et quel monde pourrait leur convenir, je passe à la peinture. L’improvisation laisse alors place à la planification et à l’exécution contrôlée. Mais même pendant cette phase moins spontanée du processus créatif, je ne m’interdis pas quelques expérimentations. La peinture est une si belle aventure !
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C’est dans ce va-et-vient constant entre liberté imaginative et rigueur formelle que se construit mon univers pictural. Il reflète ma vision de l’art : un espace d’harmonie, de tendresse et de rêverie, capable de faire du bien à l’âme.
Dans un paysage artistique souvent dominé par l’ironie, la provocation ou la déconstruction, je choisis une autre voie : celle de la sincérité, de la beauté comme acte de résistance, et de la peinture comme geste d’apaisement. Une peinture discrète, à l’écart du bruit et du tumulte des modes, qui ne cherche ni à impressionner ni à s’imposer avec vacarme mais à murmurer, à toucher avec douceur, en profondeur. C’est cette démarche singulière, fidèle à elle-même et exigeante dans sa forme, que je propose aujourd’hui.
Disciplines | Peinture |
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Sujet | |
Techniques | Acrylique, Huile |
Support et matériaux | Bois, Carton, Toile |
Tendances |
Code postal | 92320 |
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Ville | Châtillon |
Région | Île-de-France |
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Site web | https://www.instagram.com/pauly.emilie |