Onanism Sorcery

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Pour son exposition personnelle à 40mcube, Laura Gozlan crée un environnement sculptural dans lequel est diffusé un cycle de micro-fictions vidéos mettant en scène une évocation du féminin monstrueux.

Dans ses installations composées de sculptures et de vidéos, Laura Gozlan s’intéresse aux liens entre contre-culture et post-humanisme, à leurs mythes fondateurs tels que le New Age et la cybernétique, et à leurs dystopies.
Elle crée des vidéos qui fonctionnent sur le mode d’un flux continu en assemblant de manière non hiérarchique des images qu’elle emprunte ou tourne elle-même, sur des pièces sonores dont les motifs induisent des états de conscience modifiés. Elle développe aussi des environnements sculpturaux qui se caractérisent par des projections proches de l’héritage de l’Expanded Cinema de Gene Youngblood [1]. Par des opérations de fragmentation, de froissement et de réflexion, elle recherche une forme de tri-dimensionnalité dans l’image projetée.
Le travail de Laura Gozlan s’inspire autant du giallo [2] que du film d’anticipation et des documents scientifiques. Tous trois recèlent des archétypes et des mythes techno-utopiques qui résonnent avec l’occultisme et les idéologies de ces contre- cultures.
Pour son exposition à 40mcube, l’artiste présente une série de vidéos diffusées dans un environnement de sculptures. Elle y interprète MUM, un personnage qui s’origine dans le “Féminin-Monstrueux”, et en embrasse différentes formes : mère archaïque, vampire, sorcière. Barbara Creed [3] envisage cet archétype dans le cinéma d’horreur comme le reflet de l’idéologie patriarcale présentant la femme comme monstrueuse et abjecte en ce que sa sexualité et sa « fonction reproductive » s’opposent à la loi symbolique patriarcale. Les rites que l’artiste met en scène fusionnent des archétypes propres à la sorcellerie et des programmes du transhumanisme.
MUM déjoue les binarismes masculin-féminin et côtoie l’abject lorsqu’elle se défonce aux vapeurs de momie avec un urinal féminin, en guise de cure de jouvence. La « biopolitique de la salle de bain » [4] avec sa construction sociale des corps et son assignation des genres est balayée d’un revers lorsque MUM s’affranchit des dictats de l’industrie cosmétique relatifs à la conservation de la jeunesse des femmes. C’est dans un nouveau cycle, empruntant aux tutoriels didactiques, que MUM refait surface et s’exerce à la magie sexuelle. Aussi diffuse qu’insaisissable dans ses origines, cette pratique consiste à manipuler la volupté comme une énergie destinée à faire advenir des vœux.
Loin du voyeurisme auquel l’auto-érotisme est souvent associée, il s’agit de la déplacer sur le terrain de l’horreur grotesque, l’humour permettant à la fois de l’aggraver et de s’en distancier.
Les sculptures présentées dans l’exposition sont autant d’objets activables lors des performance de MUM : corps tendus, fragments anatomiques, prothèses etc. Ces artefacts créent un environnement feutré et minimal, à mi-chemin entre le laboratoire et le boudoir.
[1] Dans son ouvrage Expanded Cinema paru en 1970, le théoricien des médias Gene Youngblood est le premier a considérer la vidéo comme une forme d’expression artistique.
[2] Genre cinématographique italien qui mélange polar, horreur et érotisme.
[3] Barbara Creed, The Monstrous-Feminine – Film, feminism, psychoanalysis, 1993.
[4] Paul B. Preciado, « Biopolitique à l’ère du capitalisme pharmacopornographique », in Chimères, 2010/3 (no74).

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