Mémoires d’encres. Paule Riché

Paule Riché aux Capucins

« Mémoire d’encres ».

En ce grand lieu plein de mémoire, plein d’histoire, marqué dans la pierre : corbeaux sans poutres, ouvertures ornées d’oeuvres contemporaines, vieux murs doublés de façades de béton, volumes cubiques sous les voûtes, en ce grand lieu remanié par les ans et par la volonté moderne de l’intégrer un projet artistique, dans ce lieu de rondeur et de rigueur, de gris et de blanc, les encres de Paule Riché s’installent assez tranquillement, tant elles sont, elles aussi des « mémoires » voir, des rappels, des retours : anamnèse est le mot savant et liturgique pour dire ce rappel du passé ; ainsi pourrait s’appeler cette exposition.

Passé vertigineux pour les 26 mètres qui divisent la salle des capucins : cette encre a été accrochée pour la première fois en 2007 dans la charpente de la petite chapelle de Chaillol ;

Elle se perdait dans les poutres et les toiles d’araignées, descendait jusqu’au sol où elle faisait un chemin imaginaire.

Passé des batailles menées par Lesdiguières, avec une grande encre rouge créée en 2008 dans la salle du Musée de Gap consacrée au tombeau du célèbre connétable.

Passé couleurs du vent avec les longues encres bleues qui ont frissonné dans les courants d’air du fort de Tournoux près de Barcelonnette en 2008.

Passé mystique des deux encres rouges qui font comme un portail ; elles renvoyaient la lumière des vitraux d’Aurélie Nemours dans l’abbaye de Salagon en 2009.

Passé écologique: 3 grandes encres ont pris place en 2010 dans la « polveriera », ancienne poudrière du jardin botanique de Bergame en Italie.

Passé d’arbres , de planches, avec la série effectuée en résidence dans une scierie désaffectée du Larzac en 2011.

Mais aussi « Présent » des œuvres, en effet, au milieu de ces peintures effectuées au cours de résidences d’artiste ou l’occasion d’expositions, on en découvre certaines qui ont été créees spécialement pour les Capucins cette année : elle tentent de relier ce passé hétéroclite au présent et rendent visible le chemin parcouru, ce « chemin de mémoire » et d’histoire.

François Rousseau , mai 2012