
Exposition Les radios de la méduse XtinaW
- Du 05/10/2017 au 29/10/2017
- Localisation : Espace culturel CHU de Montpellier
- Site de l'événement
Les radios de la méduse – Christina Weising
« Ach, dass der Mensch doch durchsichtig wäre wie eine Qualle und dass man den Sitz seiner Leiden schauen könnte! »
(“Ah si les hommes pourraient être aussi transparents que des méduses et que l’on voyait le siège de leurs souffrances »)
Cet aphorisme prononcé par le physicien allemand Wilhelm Conrad Röntgen (1845–1923) exprimait le rêve de tous les médecins. Avec l’invention de la radiographie en 1895, ce rêve est devenu réalité. La série de méduses peintes sur radiographies, exposées pour la première fois en 2008, va prendre une nouvelle dimension dans le cadre médical du CHU de La Colombière : entre rêve et réalité, entre transparence et souffrance.
Pour l’artiste Christina Weising, comme pour les scientifiques, ces êtres gélatineux présentent de multiples liens avec l’idée médicale.
Beauté de la nature, fascination médicale, la science rejoint l’art, l’art rejoint la science.
Cette série se veut un hommage aux découvertes médicales, à Röntgen et à tous les patients à l’origine des clichés.
Visuellement parlant, nombreuses sont les formes des images radiographiées qui évoquent ces invertébrés et ont directement inspiré la méduse qui naît sur le support. La section transversale de la colonne vertébrale abrite une forme « médusale ». La colonne entière rappelle un long tentacule. Un poumon rappelle la physalia physalis, la méduse cerf-volant, un animal pneumatophore. Les viscères s’enlacent comme les appendices des cnidaires.
Physiquement la méduse constituée de 98% d’eau s’échappe des mains qui essaient de l’attraper, comme la maladie reste encore trop souvent insaisissable par la médecine.
Les tentacules souvent urticants et équipées de petits harpons venimeux enveloppent et empoissonnent la proie comme des cellules infectées s’infiltrent dans un corps malade. La cuboméduse ne mesurant que 5 centimètres peut tuer un homme en cinq minutes avec ses tentacules de 10 mètres.
Apparues il y a 670 millions d’années (des méduses fossiles ont été découvertes à Solnhofen en Allemagne, en Bretagne, près de Landerneau, en Illinois et en Australie), les méduses envahissent aujourd’hui les mers. On parle aussi de « gélification » des océans. Très prolifiques et éternelles (un polype « générateur immortel comprenant un programme génétique » donne naissance à de multiples méduses), elles sont dangereuses pour l’humanité. Elles bloquent les systèmes de refroidissement des bateaux, elles bouchent les tuyaux d’évacuations industrielles et menacent même le bon fonctionnement des centrales nucléaires (en 1976, en Suède, 50 tonnes de méduses par heure devaient être enlevées des filtres d’une centrale).
Scientifiquement, les méduses offrent aujourd’hui de grands espoirs grâce à leurs dons naturels : leur bioluminescence, leur capacité de régénération, leur cycle de reproduction, leur mucus, leur collagène…
Les radios de la méduse synonyme du bateau apparaissant dans le lointain sur le célèbre tableau de Guéricault, le Radeau de la Méduse, peint en 1818 et conservé au Louvre. La méduse est le nom de la frégate qui a fait naufrage en 1816 au large des côtes du Sénégal avec 200 hommes à bord – qui rappelle malheureusement bien des faits actuels. Contrairement aux règles d’honneur et de devoir de la marine, le commandant aristocrate, les officiers et d’autres personnalités prennent place en premier dans les chaloupes. 150 hommes restent à bord. Sous la direction du chef charpentier, l’équipage construit un grand radeau d’abord attaché à l’une des chaloupes, puis laissé à la dérive. A bord, juste quelques tonneaux de rhum. 12 jours de manque d’eau, de nourriture et d’abus d’alcool conduisent ces hommes à toutes sortes d’excès dus à l’exigence de la survie : violence, cannibalisme .Quinze mourants subsistent quand un vaisseau les recueille enfin.
Quel meilleur titre alors pour cette série qui souligne l’espoir dans la recherche médicale : les méduses à la rescousse de l’humanité.