Arlette et Marc Simon, Danse, Danse, Danse

Arlette et Marc Simon, Danse, Danse, Danse

Contacter l'organisateur

Arlette Simon

 

Un simple regard rétrospectif sur le travail d’Arlette Simon suffit renseigner sur les deux élans majeurs qui la guident : l’un relève de la rondeur des formes, l’autre du mouvement, supposé, en marche ou figé dans l’instant. Depuis 2006, depuis les contours bleus installés au fond d’un cachot, circulaires et hypnotiques, mis ensuite en situation de déséquilibre la façon de toupies, en passant pas la série des Twists , pour arriver aux Serpentines puis aux Entrechats … tout converge vers une mise en rapprochement d’éléments en transit, grouillant au sol, s’écrivant au mur ou s’assemblant plus posément sur un socle. La vie, dans ce qu’elle possède de géométrique et d’aléatoire, semble présider ces rassemblements semi-organiques et semi-mécaniques. On peut y voir des ossements, une anarchique pelote de fils, des signes recomposés, des déchets amoncelés, qu’un néon vient parfois crûment éclairer. Plaies, béances, coutures, crevaisons se font alors jour dans les volumes imbriqués.

 

Jusqu’aujourd’hui, et la manière dont put le faire Anne Barrès, la série des Entrechats cultivait le principe de l’illusion. Donner voir et penser que les tubulures, rutilantes ou au contraire caoutchouteuses, retiennent enfermé un air sous pression. Pincées leurs extrémités, ces peaux d’une nature toute industrielle, écrivent un mouvement dans l’espace solidement ancré et scandé par des jeux de pliures et de boursouflures qui animent la terre façon métal hurlant. Peu peu, Arlette Simon entend ouvrir ces volumes, amplifier les brèches, ne plus juxtaposer les éléments, mais les encastrer les uns dans les autres, jouer sur leurs creux, leurs courbes, les espaces intérieurs recréés. Le signe cède le pas la construction. La plasticienne confère un nouveau rythme ses assemblages pour les mettre – qui sait ? – en posture favorable pour une possible monumentalité.

 

Stéphanie Le Follic-Hadida, in catalogue Eac Les Roches 2013

 

Marc Simon

 

Marc Simon se définit comme « artiste céramiste », associant ainsi ses recherches un médium porteur dans l’art actuel d’une inquiétante étrangeté : qu’il s’agisse des contes de fée de Françoise Pétrovitch, des êtres fantastiques d’Anne Wenzel, d’une sexualité foisonnante chez Elsa Sahal ou des excroissances imaginaires au côté « art brut » de Michel Gouery, la terre semble engager fortement des corporéités mythiques – car l’homme aurait été créé d’argile ?

 

Les créatures que façonne Marc Simon apparaissent comme un autre de l’humain. Les Chindis (céramique, 2011) désignent dans la culture Navajo l’ombre néfaste que laisse un homme en expirant. Leur œil creux s’ouvre sur le vide. Leur peau est accidentée, tourmentée, comme faite de feu, d’un air secoué et agité, ou d’un entrelacs de brins végétaux – paille, feuilles, épines. Ce travail sur la surface est expressionniste et subjectif, un héritage des premières recherches picturales de l’artiste. S’y ajoute une mise en valeur de l’enveloppe pour elle-même, travaillée explicitement dans la série des Vanités (céramique émaillée, 2011) qui évoquent d’inquiétants masques ou heaumes vides. Cette expressivité est de plus ambivalente dans le champ de la céramique : elle évoque aussi l’esthétique de l’accident, qui s’incarne dans le style wabi inventé par le céramiste japonais Raku au XVIe siècle.

 

Pour moi, ces monstres sont des Djinns . Dans le Coran, les Djinns sont ceux qui n’ont pas été créés dans la terre, mais dans l’eau, l’air et le feu. Ils sont maléfiques et incarnent les puissances naturelles. Ces êtres fantastiques métamorphes fascinent par leur vacuité, leur capacité changer de forme. Marc Simon s’inscrit peut-être alors dans la lignée d’un Jean-Joseph Carriès (1855-1894) et de ses grotesques de grès. On est ici dans le domaine du fantastique, de l’être l’apparence inquiétante, l’intériorité incertaine, appartenant un arrière monde étrange, celui des feu-follets, d’un Panthéon noir la Lovecraft. On pense « Scarecrow », l’ Epouvantail ueur l’œil vide du folklore américain, cuit, fixé ici dans la terre.

 

Emilie Bouvard, in catalogue Eac Les Roches 2013

Identifiez-vous Créez un compte

Vos informations ne seront pas vendues. Notre politique de confidentialité.

 

×
Créez un compte Vous avez déjà un compte ?

 
×
Vous avez oublié mot de passe et/ou identifiant ?
×

Go up