Gérard Sévin

Comme des pense-bêtes, deux citations sont épinglées à l’entrée de l’atelier. Elles sont à mettre en pratique journellement. La plus ancienne et la plus appliquée : « dans mes oeuvres, j’ai toujours tenté d’inclure une émotion à partager avec le spectateur… » Pour moi, l’émotion, c’est comme un courant invisible qui s’établit “ou pas” entre l’œuvre et le regardant.
La deuxième est rapportée par Michel Onfray : « Une oeuvre de qualité parvient à équilibrer deux forces : la force plastique et la force du message. Ce qui est vu subjugue, ce qui est dit convainc. ». Les vœux sont pieux… La tâche est rude et je ne cesse d’essayer... Les toiles au rebut, ressuscitées en étendards, sont les preuves de mes échecs et de mon obstination…
Imprégnée de ces deux mantras, l’inspiration principale de mon œuvre se nourrit d’architecture sacrée, de divine proportion, d’art roman, de son bestiaire ; des mystères cachés dans la pierre ; de l’art gothique ; jusqu’à l’art funéraire. Le mysticisme est de mise et va de pair avec le symbolisme et les grands thèmes comme : le chemin de croix ; la Création ; Armageddon ; Adam et Ève à la découverte du monde, et les grands mythes. Les sujets sont vastes et inépuisables. Et puis, mon combat pour la Paix dans le monde est essentiel. Il va des camps de concentration à la destruction des sites historiques d’Irak et de Syrie…
Mon maître absolu, c’est « Gustave Moreau ». Ses toiles me sont… familières… avec une part de « Gustav Klimt ». J’utilise la toile de jute ou la toile de lin suivant les sujets à traiter ou la texture à obtenir. Celle-là, je l’obtiens en épaississant ma matière picturale de différents sables tamisés. Puis, avec des outils appropriés ou détournés et souvent avec les doigts, j’étale, je façonne, je sculpte. J’utilise également des seringues avec lesquelles, je simule ici, des cheveux longs et bouclés, des flots bouillonnants d’une cascade, là, une enfilade de barbelés aux piquots acérées.