Mathieu Marchand

Cela fais bien longtemps que je ne suis pas remonter teuf
Et depuis que je bosse les dimanches matins c’est pas arrivée .

Ma pratique s’articule autour d’objets fortement connotés socialement ; enceintes de free-party, canettes de bière, paquets de cigarettes, motifs religieux , que je déplace, détourne et recompose pour créer des zones d’ambiguïté. J’explore ce qui naît lorsqu’un symbole issu de la marge rencontre les codes institutionnels, ou lorsque le sacré se mêle au populaire.
Au cœur de mon travail, l’enceinte de free-party tient une place centrale. Objet brut, massif, presque agressif, elle porte la mémoire d’une culture nocturne, illégale, viscérale. Pourtant, je la présente souvent silencieuse, figée, privée de sa fonction première. Lorsqu’elle cesse de faire du bruit, elle devient totem, croix, sculpture ou relique ; elle ouvre un espace où différentes lectures coexistent: religieuse, politique, énergétique, iconique. J’aime brouiller les repères, laisser au spectateur l’impression de faire face à quelque chose de familier sans pouvoir en définir clairement la nature.
Dans mes installations, je mets en tension des univers qui semblent incompatibles : le sacré et l’anarchique, le bourgeois et le prolétaire, la tradition et la culture de rue. Une enceinte recouverte d’un faux marbre, une canette 8.6 servie dans une coupe à champagne, une paire de TN associée à une iconographie chrétienne : ces rencontres absurdes permettent de révéler ce que nos hiérarchies esthétiques et sociales ont d’arbitraire. J’interroge ce qui mérite d’être sacralisé, et pourquoi certains objets sont valorisés pendant que d’autres sont considérés comme vulgaires, anecdotiques ou périphériques.
Cette question du sacré traverse profondément mon travail. Elle renvoie à mon propre parcours, à l’imaginaire religieux dans lequel j’ai grandi. En transformant des motifs chrétiens, je me réapproprie un langage visuel qui m’a longtemps semblé figé. Je ne cherche pas à le détruire mais à le déplacer, à l'hybrider avec des signes contemporains afin de construire une iconographie qui me ressemble, poreuse, instable, traversée par des tensions sociales.
Mes œuvres sonores, mes paysages et mes natures mortes participent de cette même logique. Les cassettes d’enregistrements de free-party sont des vestiges bruts : du souffle, des voix, des saturations, rien n’est nettoyé. Mes montagnes, inspirées de mes origines grenobloises, accueillent des enceintes monumentales qui s’y fondent comme des mythes enfouis. Même dans mes scènes les plus calmes, un objet dissonant vient troubler la lecture et suggérer un récit invisible.
Ce que je cherche, finalement, c’est à faire apparaître un territoire hybride où les symboles circulent, se heurtent, se contaminent. Un espace où l’objet perd sa fonction pour devenir signe, où la marge rencontre l’institution, où le religieux glisse vers le profane. Une zone d’ambiguïté où peut émerger une forme de poésie, née de ces alliances improbables et de ces contradictions assumées.

Disciplines Art Plastique, Installation, Peinture, Sculpture
Sujet
Techniques
Support et matériaux
Tendances
Code postal
Ville Bruxelles
Région
Numéro de téléphone 0615242952
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