PHOENIX Conte

À rebours d’un monde visuel envahi de symboles codifiés, de discours éclatés et de rythmes effrénés, ma peinture propose un espace d’arrêt : une figuration silencieuse, lente et épurée, qui donne au spectateur le temps de ressentir et de penser. Ma peinture s’empare des codes classiques — pour mieux les détourner. Elle cherche à capter par la beauté, mais elle parle d’autre chose : Elle questionne la position de l’humain en quête de sens dans un monde à la fois chaotique et trop normé, où la peur peut entraver sa relation au monde. Elle propose une réponse inspirante, un récit plastique de la résilience humaine, entre idéal d’un équilibre intérieur et aspirations profondes.

Démarche Plastique : Réalisme symbolique & "beauté leurre"

Afin de parvenir à capter par la beauté pour parler d’autre chose j’utilise la stratégie du “beau-leurre” qui repose sur un ensemble de choix plastiques, tous au service d’un renversement du regard attendu :

Apparence Classique détournée : L’apparence classique - drapés, clairs obscurs, cadrages rigoureux - est un leurre visuel, utilisé, non comme finalité, mais comme moyen de séduction, afin de capter l’attention du spectateur sensible à cette esthétique.

Théâtralité figée : Via des cadrages frontaux ou verticaux, gestes suspendus, silences visuels, chaque tableau devient une scène muette, un théâtre sans récit imposé qui initie la réflexion chez le spectateur.

Tension entre passé pictural et présent symbolique : La facture classique dialogue avec des codes visuels d’aujourd’hui : costumes, objets, postures modernes. Ce décalage trouble la temporalité, questionne le réel et renforce la tension déjà présente dans la scénographie.

Ambiguïté visuelle volontaire : La cohabitation d’un réalisme technique et de scènes improbables “enfonce le clou” amenant le spectateur à osciller entre lecture narrative et allégorie, illustration et abstraction.

Sobriété expressive : Épure scénique, décors réduits, parfois vide assumé. Cette économie d’effet concentre la charge émotionnelle dans la posture, le regard, le silence, oriente le spectateur vers le sujet central de l’œuvre : l’humain.

Symboles culturels réinterprétés : Objets de luxe, montres, uniformes : ces codes de pouvoir manifestement désacralisés dans les scènes, réinjectés dans un imaginaire symbolique accompagnent la réflexion.

Dimension spirituelle et existentielle : Le dispositif dans son ensemble amène in-fine le spectateur à s’interroger sur la condition humaine : comment tenir debout dans un monde normatif et contraint, comment résister sans violence, comment rêver sans s’aveugler.

2. Démarche Thématique : “L’humain en équilibre au cœur des tensions”

Au cœur de mon œuvre se trouve une conviction : l’humain est à la fois contraint et capable de transcendance. Chaque série explore une facette de cette tension : l’individu doit composer avec les carcans qui lui sont imposés — le corps, la société, l’entreprise, l’histoire, la technologie — tout en cherchant à libérer en lui une force intérieure irréductible :

Corporate ; interroge l’aliénation douce des mondes normés — entreprise, société, corps — et les tensions entre identité intime et conformité sociale ;

Underwater ; décline ce même thème dans un univers de pression symbolique, où l’eau devient métaphore de l’adaptation contrainte ;

Memories ; utilise des lieux historiques pour évoquer la dérive des idéaux et les ambiguïtés de notre héritage collectif ;

Symbiosis ; se tourne vers l’avenir et propose face au chaos ambiant, une vision de coexistence vertueuse entre nature, technologie et conscience humaine ;

Women at Work ; incarne la puissance intérieure des femmes dans le monde contemporain, non comme modèles genrés, mais comme figures d’universalité active et inspirante.

Mes tableaux ne dénoncent pas, ils inspirent. Ils ne cultivent pas la peur — peur de l’autre, peur du changement, peur de la pression sociale ou des dérives technologiques — mais invitent à la lucidité et à l’acceptation de systèmes humains par nature imparfaits, à la fois vertueux et dangereux pour l’homme. Pour autant je peins pour rappeler que l’équilibre est possible, que l’humain peut trouver une verticalité intérieure malgré l’adversité, et que ses aspirations profondes — celles de son âme — peuvent se déployer au cœur même des contraintes.