Marion Fontaine

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C'est avec cette révélation de la journaliste scientifique Ella Frances Sanders, que je souhaite introduire mon travail: “Les atomes de carbone de votre organisme ont jadis composé d'autres êtres et d'autres choses avant de vous trouver. Cet atome particulier au-dessus du sourcil gauche, par exemple, aurait bien pu être un galet de rivière avant de s'installer dans votre corps. Vous êtes la pierre et la vague et l'écorce des arbres, vous êtes la coccinelle et l'odeur d'un jardin après la pluie.” (Extrait du Courrier International - Rob Brezsny)

Simultanément à mes études universitaires en arts-plastiques, je me forme aux maquillages artistiques. Ces diverses activités m'amènent à interroger la porosité et les glissements entre les disciplines et les techniques artistiques. On trouve comme fil d’Ariane de mon travail, l’évocation de paysages micro/macroscopiques, dont les formes sont issues de la nature, où chacun peut laisser libre court à son imagination et donner une place à ses aspirations.

Le processus créatif de Marion Fontaine est fondé sur l’expérimentation, la transformation et l’imprévu créé par le hasard, dont l’artiste se sert comme terrain d’exploration et d’évolution, en créant des va-et-vient, afin d’aller de la spontanéité à l’intentionnel.

Marion Fontaine expérimente les formes et leurs effets grâce à l’aquarelle, sur différents supports tels que le papier pierre, le verre, ou les matières transparentes. L’expérience est l’essence du processus de création dont toutes ses œuvres découlent.

Poésie et imaginaire au cœur du vivant

« La peinture n'explique pas : elle se borne à être et à montrer ce qu'elle est ; à nous de l'éprouver par sa vertu de contagion ». René Huyghe, Dialogue avec le visible, 1955, p. 245.

C'est avec une envie de proposer plusieurs interprétations que Marion Fontaine opère, en troublant les différents plans de ses tableaux. Il lui semble important de ne pas définir ces paysages, afin de laisser libre court à l'imagination de l'observateur, qui par l'abstraction de la peinture devient inventeur d'histoires, ou du moins de visions poétiques. A la manière de l’artiste Georgia O’Keefe, observatrice de la nature, qui s’est notamment adonnée à peindre des gros plans de fleurs, à la limite de l’abstraction, Marion Fontaine contemple et s’inspire de la nature, qui devient abstraction sous le tracé de ses dessins.

Une double lecture est proposée dans ses œuvres par le biais d’installations mettant en avant d’un côté un niveau de lecture macroscopique et de l’autre, un niveau de lecture microscopique.

Les matières organiques des créations de Marion Fontaine laissent présager des paysages et des espaces naturels macroscopiques ancrés dans le vivant. L’on croit voir dans ces peintures, des fonds marins et leurs flores sous-marines se mouvant au gré du mouvement de l’eau; la Terre et les nombreuses créatures vivantes et végétales qui l’habitent; le ciel, dans lequel on pourrait y voir un amas de nuages transpercés par les rayons du soleil ou encore le cosmos, dans lequel on pourrait deviner le dessin aléatoire d’une constellation, produite par des alignements d’étoiles de différentes luminosités et situées à des distances différentes dans le ciel nocturne, ou même imaginer une cartographie de la matière organique qui évolue dans notre univers.

Dans l’esprit des romantiques, pour qui la nature et sa contemplation sont des thèmes récurrents, Marion Fontaine souhaite ainsi entraîner l’observateur de l’œuvre dans son univers poétique et sensible qui questionne notre relation au monde vivant.

Extraits du Texte de Valentine Fried, commissaire d’exposition