
ANGELE RIGUIDEL
VHS Vidéo Hors Service 2019
À l’occasion de la 6ème édition des Extraordinaires objets de l’ordinaire, Angèle Riguidel propose sa nouvelle piste de travail : les bandes magnétiques.
Depuis plus de vingt ans, les objets ordinaires, ou même infra-ordinaires, que l’on ne voit plus et que l’on ne veut plus sont à l’origine des recherches plastiques de l’artiste normande. Ce sont principalement des métaux par le biais des instruments de cuisine, mais aussi les plastiques de jouets, ou encore l’osier de petits paniers passés de mode qui ouvrent les possibles de son univers.
L’installation VHS (Vidéo Hors Service) (2019) s’empare des cassettes, superstars déchues des années 1980 et 1990. En montage d’ambiance ou sous la forme d’un environnement immersif, un bestiaire tout de noir vêtu, jouant sur les brillances des bandes magnétiques et sur l’effet mate et granulé des cassettes se décline : mobilier, chimères, rivière. L’espace d’exposition déterminera les possibilités ou les limites du projet. Chaque élément des VHS est recyclé : les boîtes en paravents, les cassettes rigides en constructions architecturales, les bandes en êtres étranges, entre l’insecte et le monstre.
La cassette au siècle passé était une technologie extraordinaire et révolutionnaire, qui a permis à chacun d’enregistrer et visionner des films, dessins animés ou documentaires tout en s’émancipant des horaires des trois chaînes historiques françaises. Avec les vidéo-clubs, la culture cinématographique était à portée de main de chacun. Aujourd’hui, nombreux sont ceux pour qui cet objet est culte et indissociable de cette époque, mais cela n’empêche pas la fin de l’utilisation de la VHS : il était difficile de ne pas abîmer les bandes, et les appareils de lecture ne fonctionnent plus pour beaucoup. Il s’agit de véritables déchets culturels : contrairement aux vinyles qui ont réussi à retrouver une place dans les foyers en raison de leur haute qualité sonore, les cassettes ne sont plus qu’encombrantes.
Avec l’installation VHS, un espace de science fiction se recrée : le monochrome noir ne montre ses subtils détails que grâce à la luminosité et au mouvement du spectateur, des tours immenses évoquent le Godzilla que l’on regardait enfant, terrorisé… Aujourd’hui, le monstre, c’est ce pétrole transformé dont on ne sait plus quoi faire et qui jette une ombre effrayante sur notre présent et notre futur.
Louise Simon
https://angele-riguidel.com/
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